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L'AAH
20 mars 2009

Quand Chou Flaire - I-II

Le 17 Janvier 2009 – Caen (France)

Un froid plombe la ville depuis plusieurs jours. Ce qui à comme première conséquence de blanchir l'herbe du champs de course, un immense ovale de verdure posé comme une galette au centre de la préfecture du calvados.L'endroit est peuplé d'oiseaux, de ragondins, de jogger et de chiens avec ou sans  maîtres. Comme presque tous les jours Marguerite Leroux promène 'Chou' un Loulou de Poméranie de deux ans et demi. Lorsqu'elle est certaine de ne pas voir débouler un autre canidé sur son 'Poupougne', elle lâche le fauve et le regarde s'épancher dans les herbes hautes.

A soixante cinq ans passé elle n'est plus capable de courir derrière l'animal telle une mère attentionnée ne quitte pas l'animal des yeux. De temps à autre celui qui partage son existence, s'arrête et la regarde en remuant joyeusement le plumeau qui fait office de queue.  Après avoir dépassée les tribunes, elle passe le pont enjambant l'Odon qui cisaille l'immense prairie dans le sens de la largeur. Deux cent mètres plus loin,   débute la zone 'la plus dangereuse du lieu' et qui aussi la préférée de chou. A cet endroit des joncs de plus de deux mètres de hauts, formant un mur presque impénétrable. Comme à chaque fois le petit chien s'enfonce tête baissée dans la muraille, causant à chaque fois un pincement au, plus tout jeune cœur, de Mme Leroux. Un imprévu étant toujours possible, elle écartes les première joncs des bras pour essayer de voir la touffe marron qui virevolte gaiement. Nombre de fois elle à imaginé le pire, comme un terrible tigre du Bengale dévorant son petit compagnon dont le poids tout mouillé n'excède guère les cinq kilos. Et ce qui renforce son appréhension c'est le fait que le parc des expositions non loin de là accceuil régulièrement des cirques, ce qui est le cas aujourd'hui. Après moins d'une minute elle s'impatiente..

  • Chou...Chou mon bébé. Ne voyant pas la truffe du pépère apparaître elle renouvelle ses appels en montant le ton. Chou viens ici!

L'inquiétude commence à l'envahir, de nouveau elle rappelle son chien qui ne revient toujours pas, par chance l'endroit si souvent détrempé et boueux et aujourd'hui en partie gelé. Tout en avançant elle bougonne.

  • Si tu es encore en train de te rouler dans une charogne, comme l'autre fois,  tu vas le sentir passé mon p'tit père.

Un pas hésitant après l'autre elle avance en écartant les joncs des bras, une vingtaine de mètres plus loin les plantes sont beaucoup moins hautes, elle l'appelle de plus en plus inquiète. Trois enjambées plus loin elle aperçoit enfin 'Chou' assit les oreilles droites, fièrement il l'a fixe en remuant la queue. Il frétille, tout content de lui. Marguerite avance, prête à le remettre en laisse.

  • Alors là mon petit bonhomme tu n'es pas prêt de courir...Mon Dieu, mais qu'est ce que...Chou viens ici tout de suite.

L'animal ne bouge pas, remuant toujours la queue il tourne la tête et regarde sa découverte.

  • Chou vas-tu venir non d'un chien...Oh! Mon Dieu quel horreur...ce n'est pas possible...maintenant elle hurle. Elle attrape l'animal qui ne frétille plus du tout, les oreilles baissées il semble légèrement décontenancé que sa maîtresse ne le félicite pas.

Une demi-heure plus tard l'endroit grouille de policiers. Une zone est délimitée. Les uns prennent des photos, les autres regardent par terre ou discutent entre eux. Un peu à l'écart Hervé Pignard inspecteur de police au commissariat central de Caen discute avec Mme Leroux.

  • Et ensuite?

  • Ensuite j'ai pris mon chien sous le bras et je suis allez à la rencontre des coureurs pour qu'ils vous préviennent, je n'ai pas de téléphone portable. Et puis c'est tout...mon Dieu...et...et...elle est morte?

  • Ça oui y à des chances. Et vous n'avez croisé personne?

  • Non,  j'ai tout le temps été seule, à part les gens qui font leur jogging sur la piste cendrée bien sur.

  • Merci Mme Leroux, rentrez chez vous, je vous appellerai pour venir signer votre déposition. Vous voulez qu'on vous raccompagne?

  • Non, non merci cela me fera du bien de marcher. Au revoir monsieur.

  • Au revoir Madame.

  • Allez vient chou on rentre à la maison.

Pignard la regarde partir, puis rejoint ses collègues qui entoure le corps.

  • Alors Cécile?

  • A première vue c'est une femme!

  • Bien vu, et pour le reste.

  • Elle à le cou brisé et un énorme hématome au niveau de la nuque. Aucune trace de lutte et à mon avis rien de sexuel, enfin à ce que je vois.

  • Et l'heure?

  • Elle est morte vers trois heures je pense, mais je te dirai plus exactement quand, dans la soirée. Tiens.

La légiste tend deux sacs en plastique transparents. L'un contenant des clefs et une carte d'identité, l'autre un petit bout de papier jaune-orange.

  • C'est quoi ça?

  • J'en sais rien à première vue du papier, on analyse et je te dis.

  • Je peux regarder l'autre, les empreintes ont étaient relevées?

  • Oui, oui c'est bon vas-y.

Pignard recule et sort son portable.

  • André!?...alors 41 ans, Élisabeth Lefort...Place Saint-Sauveur...ouais sa carte d'identité...surement un coup sur la tête...non, pour l'instant juste une femme qui promenait son chien...non j'y vais tout de suite...évidemment à plus.

Son téléphone rangé, il se dirige vers un des inspecteurs présent sur les lieux.

  • Thierry, je vais chez elle.

  • Tu veux que je t'accompagne?

  • Non, reste ici. Je préfère que tu sois là à regarder ce qui se passe.

Le jeune inspecteur regarde son aîné partir à pieds, il le voit comme souvent sortir son Ipod Touch, poser les écouteurs sur ses oreilles. Les mains dans les poches de son manteau il marche tête baissée. Durant son trajet, Pignard, pense à la jeune femme qui est allongée dans l'herbe, ce qu'il redoute le plus c'est qu'il y est des enfants. Les épouses ou les maris il gère assez bien, par contre les gamins c'est une autre paire de manche. Il à toujours mis ça sur le fait qu'il n'en a pas. Toujours est-il qu'il est aussi habile avec les enfants qu'un manchot avec un bâton de majorette. Puis  ses interrogations glissent vers la  victime. Qui est-elle? Qu'est-ce qui dans sa vie à bien pu l'amener là où elle est aujourd'hui? Et puis quel métier exerçait-elle? C'est tout à la fois ce qu'il préfère et déteste le plus dans son métier, essayer de comprendre cette mort venu happer ce qui à vécu. Et plus encore aujourd'hui. Non vraiment, il ne sent pas cette affaire.

Il sort du champs de course, passe devant la gendarmerie pour arriver devant la préfecture. Il remonte la rue Saint-Laurent, puis rue Saint-Pierre prend sur la gauche pour rejoindre la rue aux Fromages. Cent mètres plus loin il débouche sur l'une des plus belle place de la ville, place Saint-Saveur. Il fouille dans l'une de ses poches, en sort le sac plastique pour regarder l'adresse inscrite sur la carte d'identité. Il attrape le trousseau de clef. Le numéro indiqué correspond à l'un des hôtels particuliers entourant l'endroit. Devant la lourde porte qui ferme l'entrée, il s'arrête et cherche sur les sonnettes le nom de la jeune femme. Il n'y figure pas. Il essaye les clefs une à une dans la serrure située sous le digicode. Un long son métallique retentit, Pignard pousse la porte et entre. Devant lui s'ouvre une vaste entrée dont le sol est constitué de carreaux noirs et blancs. Devant lui une cour intérieur servant de parking, est peuplé de deux grosses berlines allemandes. Sur sa droite une porte à double battant vitrée barre l'accès à un magnifique escalier de pierre. Il abaisse la poignée, puis pénètre dans le hall de l'immeuble.  Immédiatement son regard est attiré par un magnifique lustre suspendu au plafond.

Il se dirige vers les boîtes aux lettres, à sa grande surprise le nom de Lefort n'y figure toujours pas. Alors qu'il monte les escaliers pour demander à d'éventuels locataires où se trouve l'appartement de la jeune morte, une femme en jean descend, un sceau d'eau à la main.

  • Vous êtes-qui, vous?

  • Et vous? Répond Pignard amusé par l'agressivité de son interlocutrice.

  • Moi je sais qui j'suis, et puis je travail ici. Alors si vous avez des trucs à vendre c'est pas ici qui faut venir...et puis comment vous êtes entré?

Pignard plonge sa main droite à l'intérieur de son manteau et sort sa carte professionnelle.

  • La police? Et alors, m'en fout moi, qu'est ce que vous voulez.

  • Dites donc ça suffit maintenant, et puis c'est pas le jour de m'emmerdez! Alors j'ai deux, trois questions à vous poser et vous allez y répondre sans moufter, c'est clair!

  • Vous énervez pas, c'est bon...mais après si des étranger entrent ça me retombe dessus...je fais que ce qu'on me dit moi, c'est tout.

  • Pour commencer votre nom?

  • Amandine Bourlier.

  • Lefort vous connaissez?

  • Pourquoi?

  • Répondez, je m'occupe du reste.

  • Ben, c'est la femme du dernier...Pourquoi?

  • Vous occupez pas, elle habite ici depuis longtemps?

  • Un peu moins de trois ans je crois, mais j'ai jamais parlé avec elle...et puis en trois ans j'ai dû la croiser une douzaine de fois pas plus.

  • Elle voyait du monde?

  • J'ai jamais vu quelqu'un avec elle.

  • Elle est mariée?

  • Oh! que non, je vous dis que je l'ai toujours vu seule, et puis chez elle y à jamais un bruit. Je veux pas être méchante mais j'aimerai pas l'avoir comme amie, elle doit pas être rigolote tous les jours. Sans arrêt la tête dans un bouquin.

  • Mais comment vous pouvez en être certaine?

  • Je suis là toute la journée, et une de mes taches est de noter qui entre et sort, j'habite ici, c'est pour cela que je suis au courant de tout.

  • Ha! vous êtes la concierge en fait?

  • Ben ouais et alors?

  • Rien, bien au contraire je n'aurais pu trouver quelqu'un de plus qualifiée pour me renseigner...

  • C'est vrai?

  • Comme je vous le dis, les concierges sont aux policiers ce que les chiens sont aux aveugles!

  • Hein, quoi? Je ne suis tout de même pas un chien...

  • C'est une image!

  • Mais vous parliez d'aveugles!

  • C'est pas grave...Et même le soir vous n'avez jamais vu monter personne chez elle?

  • Bon je vais vous dire comment ça se passe dans l'immeuble, il y à trois étages si on additionne l'âge des locataires des deux premiers on doit pas être pas loin des cinq cent ans. Et au dernier habite Lefort. Alors je peux vous dire que les allés et venus ici c'est pas vraiment le genre de la maison. Bon bien sur y à le dimanche c'est mon jour de congé, donc là c'est sur je peux pas savoir.

  • Bon alors au premier qui habite?

  • Au premier c'est une libraire de Caen qui vit avec son compagnon. Elle est pétée de tunes, et lui c'est un gros pervers dégueulasse. Qui passe son temps à me déshabillée du regard quant on se croisent.

Pignard l'a regarde quelques seconde, sans être d'une classe folle, il est sur qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour qu'elle devienne une très jolie femme.

  • Et leur nom?

  • Alors elle c'est Mme Descroisiers  Thérèse et lui, moi je l'appelle 'ducon' mais c'est pas son nom.

  • Ha Bon?

  • Ben non, vous me faites marcher...lui c'est André Charles...

  • Non?

  • Ben si.

Mr Charles est connu d'une partie de la population Caennaise, et il vrai que la finesse n'est pas son trait de caractère dominant. Bon à pas grand chose il se fait entretenir depuis une vingtaine d'années par la libraire. Trop lâche pour assumer ses opinions, il n'en fait part à ses compagnons de biture qu'après la cinquième bouteille de rouge. Il n'est ni d'extrême droite, ni intégriste catholqiue, ni royaliste, c'est juste un con.  Il a quelques amis, bien placé au niveau local qui le prennent pour un grand érudit et ferme les yeux sur ses états de conduites en état d'ébriété presque quotidien.

  • Et elle, elle est comment?

  • Elle rien à dire, elle est adorable, non vraiment et je peux vous dire qu'à une époque si elle avait pas été là je serais pas ici à vous parler. Je me demande bien ce qu'elle peut trouver à 'ducon'.

  • Allez savoir, les routes qui mènent à l'amour sont inconnues...

  • Mouais, ben là y à qu'à le regarder pour comprendre qu'avec lui c'est direct une impasse.

  • Je suis d'accord, et au second?

  • Un couple, lui à quatre vingt dix ans, si j'ai bien compris c'est un ancien employé de la préfecture. Quant à elle c'est sa seconde femme elle est bien plus jeune. Elle doit avoir une soixantaine d'années, enfin à peu prés.

  • Et ils se nomment?

  • Lhéritier Guillaume et Simone...

  • Et enfin au dernier Lefort.

  • C'est ça, mais pourquoi toutes ces questions.

  • Il y à moins d'une heure j'étais à côté d'elle, et je peux vous dire qu'elle ne sera jamais votre amie.

  • Comment-ça?!

  • On l'a retrouvé morte dans un coin de...

  • Quoi?! Vous me faites marcher...c'est pas possible je l'ai encore croisée hier soir et...elle n'avait pas de livres, même pas de sac...et...non j'vous crois pas...

  • Pourtant si, je vous assure qu'elle est bel est bien morte. Et donc vous l'avez vu hier soir, à quelle heure?

  • Il devait être pas loin de neuf heures et demi, je sortais les poubelles comme tous les soirs...non c'est pas possible elle peut pas...des larmes coulent sur ses joues, elle sanglote ce qui stupéfait Pignard.

  • Remettez-vous, vous n'aviez pourtant pas l'air de l'a porter dans votre cœur.

  • D'accord...mais bon...de là à ce qu'elle soit morte y à une marge, elle renifle puis reprend le regard dans le vide...si seulement j'avais supposé quoique se soit je ne l'aurai pas laissé sortir...

  • Pardon! demande Pignard si subitement que la jeune fille sursaute.

  • Nan mais ce que je veux dire, c'est que si je métais douté...je sais c'est con ce que je dis...

  • Et il s'est passé quelque chose de spécial hier?

  • Non rien, les Lhéritier sont sortis puis revenu, ensuite y a eut les réparateurs du téléphone, s'était prévu et rien d'autre.

  • Bon, il l'a regarde ému par la blancheur de son teint.

  • Dites je peux rentrer chez moi?

  • Bien sur, je reviendrais vous voir. Ca va aller?

  • Oui, oui merci.

Il reste debout dans l'escalier jusqu'à ce qu'elle referme la porte de la conciergerie derrière elle. Pignard reste là quelques secondes sans rien faire, il se dit qu'en plus des mômes, il déteste aussi devoir annoncer la mort d'un locataire à une concierge. Moins d'une minute plus tard il fait face à la porte de l'appartement d'Élisabeth Lefort.

Non loin de là. Dans le hall du commissariat un vieil homme attends assis. N'y tenant plus il aborde l'homme qui traverse l'endroit à grand pas.

  • Monsieur s'il vous plait, ça fait une heure que j'attends et personne ne s'occupe de moi. Vous travaillez ici?

  • Commissaire André Doubet qu'est-ce qui vous arrive. Son portable sonne. Excusez moi. Oui Hervé vas y résume...vous avez son adresse...elle avait ses papiers sur elle...c'est déjà ça, et la légiste elle dit quoi...et merde, des témoins... j'envoie une voiture à son domicile donne moi l'adresse...d'accord mais tu me tiens au courant dés que tu sais quelque...ok bye. Désolé mais en fin de semaine on à moins de personnel, alors qu'est-ce qui vous amène?

  • Et bien voilà, c'est parce qu'hier soir une camionnette bleue à arraché l'aile de ma voiture et elle est partit.

  • Je vois, je vous appelle quelqu'un...

  • Monsieur le commissaire, je sais que ce n'est pas grand chose, mais vous comprenez j'ai une petite retraite et...

  • Bien sur, bien sur je vous envoie un agent.

  • Merci, vous êtes bien urbain.

  • Je vous en prie.

Le commissaire disparaît , une minute plus tard une policier stagiaire vient le voir.

  • Suivez moi, on va noter votre plainte.

  • Merci mademoiselle.

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