Bertatole à Paris - I-VIII
23 Décembre 2005 – Paris (France)
Le luxueux hall de l'hôtel accueille un fourmillement pour le moins inhabituel. Ce n'est pas tant l'approche des fêtes de fin d'années qui est à l'origine de cette frénésie. Non, ce qui fait que le gratin des collectionneurs et la fine fleur des milliardaires est présente dans la capitale Française c'est la vente 'du siècle'. Vente privée qui doit avoir lieu en cette fin d'après-midi.
De toute part les talons hauts frappant le marbre résonne dans le lieu, les cigares rivalisent de longueur, quant aux épouses la gagnante est celle qui aura le plus de valises à faire porter. La superficialité de l'ambiance contraste avec les merveilles picturales qui doivent être misent en vente. Il n'est pas besoin d'avoir beaucoup d'imagination pour se douter qu'un des Manet finira dans un salon Texan aux côtés d'une énorme paire de cornes de taureau. Ou bien un Monet décorant un couloir menant aux toilettes d'un palais Saoudiens. Ce qui ne serait pas plus stupide qu'un Van Gogh dans la cantine d'une entreprise japonaise.
Un brouhaha indescriptible emplit le lieu. Pourtant soudainement il n'y à plus que des murmures, les plus courageux regardes les lourdes portes de l'entrée. Un vieil homme entre, son allure n'a rien de très florissante. Pourtant le personnel s'occupant des moins riches de l'assistance lâche les bagages et viennent vers le nouveau venu. L'un d'eux s'approche plus courageux que les autres propose ses services.
Monsieur Bertatole, je peux vous aider?...
Crétin! Répond le vieillard qui avance imperturbablement vers l'accueil.
Certain s'écarte, d'autres qui ne connaissent par le nouvel arrivé le fixe en souriant. Une fois au guichet il lâche sans préambule.
Tout est prêt?
Oui monsieur Bertatole, tout le monde est arrivé et ils vous attendent.
Sans rien ajouter, le vieillard acariâtre part en direction de la salle de réunion qu'il à réservé la veille. En chemin sa route croise celle d'une jolie brune qui à sous le bras un Yorkshire et dans l'autre main une coupe de champagne. Alors qu'il est à sa hauteur, elle se met à glousser en prononçant quelques mots en allemand. Bertatole s'arrête net, et lui murmures trois ou quatre mots en retour. La jeune fille éclate de rire. Son interlocuteur poursuit sa route et disparaît derrière une porte, aussitôt la pagaille de tout à l'heure reprend de plus belle.
A peine le vieille homme a t'il disparu que trois gaillards sortis de nulle part bloquent l'entrée. Après un couloir dont la moquette est épaisse d'une dizaine de centimètres, Bertatole tourne sur la droite pour faire face à une large porte à double battant, devant celle-ci deux géants aux épaules démesurément larges les ouvrent pour laisser entrer Bertatole. Immédiatement, les dix présents qui discutent se taisent et se lève dans un silence de cathédrale. Le nouveau venu, le regard fixe rejoint sa place située à l'une des extrémités de l'immense table. Il s'assoit, pose sa serviette et en sort six clefs USB. Sans préambule sa voix cinglante tranche dans le silence ambiant.
Asseyez-vous! J'ai lu vos rapports et ce que je pensais depuis plusieurs mois se confirme certains d'entre vous ne sont pas à la hauteur, que dis-je sont des incapables. Vous n'aviez pourtant pas grand choses à faire tout était mis en place pour que vous n'ayez qu'à suivre mes ordres. Sanders, Laporte, Mazaki et Tomansso dégager. Vous êtes la honte de cette assemblée, allez donc proposer votre incompétences à d'autres.
Sans un mot les personnes citées, trois hommes et une femme quitte la pièce. Tête baissées, les quatre quittent la pièce ne regardant que leurs chaussures italiennes ou anglaise faites sur mesure. Une fois partis, Bertatole reprend avec le même ton monocorde.
Voilà une bonne chose de faites. Pour vous, les rescapés, voici mes nouvelles instructions, certains d'entre vous ne m'ont pas totalement convaincus, je leur laisse une dernière chance. Pour d'autres je suis particulièrement étonné de la capacité d'adaptation dont ils ont fait preuves.
Il jettent les clefs une à une à chaque participant. Il sort de sa poche un Iphone et tapote deux fois l'écran. Cinq secondes plus tard six bips retentissent dans la pièce, une led rouge s'allume sur chacun des périphériques externes.
Les clefs sont maintenant activés, vous avez dix minutes pour rejoindre vos chambres, lorsque la lumière passera au vert vous aurez vingt minutes pour prendre connaissance des informations que chaque clef contient. Ce délais passé un virus détruira son contenu.
Il récupère sa serviette, se lève pour se diriger vers la sortie. Alors qu'il est pratiquement arrivé il se retourne, et ajoute.
Ha oui j'ai oublié, deux choses encore. Elles ne peuvent être reconnues que par les ordinateurs portable que vous avez reçu et les fichiers ouverts seulement par l'application qui est installé sur les disques durs de ces derniers. De plus si vous essayez d'imprimer, de copier ou bien encore manipuler de quelques manières que se soit le contenu une alerte me sera envoyée et les informations définitivement supprimées.
Il sort. La porte se referme derrière lui, les six enfilent leur manteau, récupèrent leurs affaires et filent à travers les couloirs pour rejoindre les ascenseurs. Certains sont encore à ouvrir leur chambre lorsque la lumière passe au vert. Vingt minutes plus tard tous voient le même message surgir sur leur écran « Informations détruites ».
Presque simultanément les six rabattent l'écran de leur ordinateur portable. Certain s'allonge sur leur lit, d'autres sortent de leur chambre enfin certains filent sous la douche. Une chose les réunis, c'est qu'enfin ils ont passés cet examen annuel avec succès. Dés le lendemain, ils mettront tout en œuvre pour mener à bien les instructions de Bertatole, attendant avec angoisse et impatience l'année prochaine.
Le 25 décembre au matin deux casernes de pompiers s'acharnent à éteindre l'incendie d'une grande battisse du quartier de Chelsea à Londres. Ted Sansders, ses trois enfants et sa femme disparaissent dans la catastrophe.
Jean-Louis Laporte se fera poignarder le soir même en sortant d'une boîte de nuit ultra-connue de la capitale. De nombreux témoins assurèrent qu'il avait bu bien plus que de raison.
Mazaki périt avec les deux cent cinquante autres passagers de l'avion qui le ramenait au Japon.
Tomansso Luigi a disparu, et encore aujourd'hui personne n'est capable de dire ce qu'il à bien pu devenir. Toujours est-il que dans l'une des forêt de la région parisienne, il est un arbuste qui croît bien plus rapidement que ses voisins.
Peu avant midi, Maurice Tongo après avoir pris une douche salvatrice décroche le téléphone de sa chambre et appel la réception.
Oui monsieur Tongo?
Veuillez me faire monter à manger je vous prie, il regarde la carte...œuf coque et caviar, mettez moi un homard flambé...et...non se sera tout...que le sommelier le choisisse...merci.
Après s'être habillé il s'installe derrière son ordinateur portable, une fois sur Internet il ouvre le site hébergeant ses courriels. Il rédige un court message, l'envoi avant de le faire disparaître des courriers envoyer. Tongo la machine, ferme l'écran se lève et va à l'une des larges fenêtres de sa chambre. Les mains dans les poches il regarde Paris. On frappe à la porte.
Enfin, je meurs de faim. Il va ouvrir.
Le battant à demi ouvert il suspend son geste. Il bredouille quelques mots, l'un des colosses qui lui fait face finit d'ouvrir la porte.
Monsieur...monsieur Bertatole...mais...
J'entre si vous permettez.
Les deux gardes du corps referment derrière eux. Bertatole s'assoit sur la chaise faisant face au portable.
Vous m'avez entendu ce matin?! Maurice, je dois vous avouer qu'il en est qui me rende très fier de par leurs compétences et de par leur dévouement, et vous êtes de ceux-là.
Merci, je ne sais pas quoi dire, je fais de mon mieux voilà tout.
Effectivement d'autant que vous n'avez rien à dire, je pensais qu'après ces décennies à travailler pour moi vous connaissiez les consignes par cœur.
Bien sur, et …
La ferme pauvre petit con, vous êtes mon meilleur éléments pour l'Afrique et à cause de vous je vais perdre des années. Pourquoi, mais dites moi pourquoi?
Pourquoi quoi? Je ne comprends pas...
Bertatole soulève l'écran du portable, il montre un petit point noir situé dans la partie supérieure de l'écran.
A votre avis, Maurice, qu'est-ce?
Je ne sais pas un cache pour dissimuler une visse?
Non mon cher, c'est une caméra miniature, où est le papier qui vous à servit à prendre des notes.
Je l'ai jeté au WC après l'avoir mémorisé.
Où est ce papier, Tongo? Il hausse la voix.
A mon âge vingt minutes c'est trop court j'avais peur de ne pas me souvenir de tout...
Où est-il?
Dans les toilettes, j'ai tiré la chasse...et puis j'écris avec un stylo plume il ne doit plus rien rester de ce qui était inscrit.
Je vois.
Il se lève, part vers la porte l'ordinateur sous le bras et se retourne.
Je vous laisse, adieu Maurice.
Trois quart d'heures plus tard alors qu'il termine son déjeuner au restaurant de l'hôtel, Bertatole est rejoint par ses deux molosses.
Alors?
Rien, il n'a rien dit de plus. Peut être disait-il la vérité?!
Peut être, certainement même, mais je ne peux me montrer faible. Avez-vous faim mes petits?
On meurt de faim. Le vieillard sourit.
Prenez ce que vous voulez, dans les prochains jours vous allez avoir du travail. Vous avez bien notez le nom de ceux que j'ai fais sortir?
Sans problème.
Parfait, cet après-midi vous avez quartier libre. Vous n'aurez rien à faire avant l'aube.
Ha oui monsieur, une toute petite encore...
J'écoute.
Nous avons dû tuer un employé de l'hôtel, Tonga à commandé à manger et il est arrivé au plus mauvais moment.
Quelqu'un vous a vu?
Bien sur que non.
Rien de grave alors, mangeons maintenant.